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Performeuse, sculptrice, dessinatrice, réalisatrice de films, l’artiste allemande Rebecca Horn est morte vendredi 6 septembre. Ni le lieu ni la cause de son décès n’ont été communiqués. Son œuvre est l’une des plus intenses et provocantes de son temps.
Elle naît le 24 mars 1944 à Michelstadt (Hesse, Allemagne), au temps du IIIe Reich donc, dans une famille d’industriels du textile. Alors qu’elle paraît destinée à y travailler à son tour et commence des études d’économie, elle s’en éloigne vite pour se consacrer à ce qui lui importe dès son adolescence, le dessin. Au cours d’un voyage au Japon en 1962, elle s’initie à l’encre et au papier et, l’année suivante, entre à la Hochschule für Bildende Künste de Hambourg. Mais, alors qu’elle s’est installée à Barcelone, elle est victime, à partir de 1964, d’une grave et durable affection pulmonaire, intoxiquée par des vapeurs de résine et des poussières de fibre de verre qu’elle manipule sans masque, ignorant leur dangerosité. Elle doit alors séjourner longuement dans un sanatorium.
Consciente désormais de la fragilité de son corps, elle en fait son principal instrument dans ses premières performances. En 1972, à la cinquième Documenta, à Kassel (Hesse), elle montre Einhorn (« licorne »), réalisé en 1970, resté son œuvre la plus célèbre : elle, les seins nus mais le corps serré dans des bandes blanches, marchant dans un paysage ensoleillé de champs et de bois, avec, sur la tête, la longue corne blanche de l’animal légendaire. L’image déconcerte : doux rêve de nature ou parodie de romantisme ?
Plus troublant et violent est Pencil Mask (1972) : l’artiste fixe des crayons comme autant de pointes sur son visage, de sorte que chaque mouvement de sa tête trace une ligne sur le mur ; et, la même année, Finger Gloves. Ces « gants » sont démesurément longs, car chaque doigt contient une baguette et la performeuse ne peut se mouvoir sans qu’ils heurtent le sol et le griffent.
En 1974-1975, elle réalise dans son atelier berlinois Exercices en neuf parties, une suite de performances qui ont, elles aussi, pour point commun contraintes et menaces physiques : un couple dont la jambe gauche de l’un et la droite de l’autre sont attachées ou elle-même se coupant les cheveux avec deux ciseaux à la fois, le corps pris dans un jeu de miroirs qui le disloquent. Moins inquiétantes mais aussi singulières sont celles où elle joue de prothèses de plumes blanches.
Le film qui réunit ces neuf « exercices » reçoit, en 1975, le prix de la critique pour les beaux-arts, qui confirme sa reconnaissance bien avant qu’elle reçoive, parmi d’autres distinctions, le prix de la Documenta de Kassel, en 1986, ou le Praemium Imperiale, en 2010.
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